La greffe de cellules souches hématopoïétiques constitue une thérapie de choix pour les hématologues afin de répondre à de nombreuses leucémies. L’avancée de la recherche médicale a permis de faire progresser cette approche thérapeutique en optimisant de nombreux paramètres tels que le traitement immunosuppresseur par la nature même des molécules actives et la cinétique d’administration, le suivi des patients via des marqueurs de la maladie résiduelle et des infections opportunistes, et en diversifiant les sources de cellules souches hématopoïétiques (moelle osseuse, cellules souches périphériques, cellules placentaires).
Le choix du donneur dépend beaucoup de marqueurs tissulaires appelés HLA, essentielles dans la régulation des réponses immunitaires, permettant aux cellules greffées d’être acceptées par l’organisme du receveur, tout en étant capables d’éliminer la maladie résiduelle du patient. Les cellules souches hématopoïétiques proviennent d’un donneur apparenté (fratrie) partageant les mêmes molécules HLA ou non apparenté (donneur inscrit sur les registres de donneurs de moelle osseuse).
Après avoir porté beaucoup d’espérances dans la double greffe de sang de cordon, les hématologues se tournent maintenant vers la greffe de cellules souches hématopoïétiques haplo-identiques, issues d’un donneur apparenté qui partage la moitié des gènes HLA communs en association avec un traitement immunosuppresseur prescrit après la greffe.
Ce type de greffe permet notamment de pallier aux difficultés de trouver un donneur HLA compatible ayant les mêmes molécules HLA que le receveur.
Pendant les premiers mois qui suivent la greffe, les défenses immunitaires du patient sont très limitées ; les lymphocytes T, principaux acteurs contre les infections virales et les cellules leucémiques n’apparaissent qu’après un à trois mois.
Cependant d’autres lymphocytes appelés Natural Killer (NK) apparaissent très précocement, et constitue la première ligne de défense contre les infections virales et les cellules leucémiques.
Notre équipe de recherche (EA4271) installée à l’Etablissement Français du Sang des Pays de la Loire (EFS-PL) au site de Nantes consacre ses travaux de recherche à l’étude de ces cellules NK dans le contexte de la greffe de cellules souches hématopoïétiques.
Notre équipe est constituée de 2 chercheurs et de 3 techniciennes et nous formons des étudiants de 3ème cycle (master 2 et doctorat en immunologie) qui deviendront de futurs chercheurs.
Les cellules NK que nous étudions expriment à leur surface des molécules appelées KIR qui reconnaissent les molécules HLA. Nous avons participé à une meilleure connaissance de ces molécules KIR au sein de l’équipe en publiant plusieurs articles de bon niveau sur ce sujet.
Ces dernières années, nous avons activement étudié le rôle des cellules NK dans le contexte de la double greffe de sang, approche très prometteuse qui a finalement laissé place très récemment aux greffes haplo-identiques.
Dans un contexte haplo-identique où les molécules HLA ne sont pas toutes identiques, les cellules NK sont activées et peuvent être bénéfiques pour lutter contre les infections virales telles que celle du cytomégalovirus et contre les cellules leucémiques.
Ces récepteurs KIR présentent de nombreux gènes et sont très polymorphes, chacun ayant des fonctions différentes. Notre équipe étudie donc ce polymorphisme génétique et l’impact sur la fonction des cellules NK. Nous avons récemment développé une nouvelle approche génétique appelée NGS (Next Generation Sequençing) permettant de séquencer de grands fragments d’ADN.
Cette étude n’a pu être possible que grâce au soutien financier de LEAF qui a participé à l’achat d’un ordinateur PC ultra-performant (2015) pour l’analyse des données générées. Nos travaux s’orientent à l’heure actuelle vers l’étude des cellules NK dans le contexte de la greffe haplo-identique, thérapie développée au service d’hématologie clinique du CHU de Nantes avec qui nous travaillons étroitement et plus particulièrement avec le Professeur Patrice Chevallier.
Nos travaux de recherche ont pour objectifs de mieux identifier les cellules NK permettant (i) de bonnes réponses anti-virales (plus précisément contre le cytomégalovirus), (ii) de bonnes réponses contre les cellules leucémiques afin d’identifier les bons donneurs sur des bases génétiques et d’optimiser les paramètres de la greffe de cellules souches hématopoïétiques.
Depuis maintenant plusieurs années, LEAF contribue à nos efforts de recherche en nous apportant un appui financier, qui se matérialise par l’apport d’instrument scientifique essentiel à notre activité de recherche.
Ainsi, LEAF a financé ces dernières années une hotte à flux laminaire permettant la culture de cellules humaines vivantes en condition stérile, une centrifugeuse permettant la séparation des globules blancs des globules rouges, un picodrop et un Qbit permettant de quantifier l’ADN en infime quantité, un logiciel d’analyse de données cellulaires, et plus récemment, un microscope à fluorescence permettant de combiner la microscopie à la fluorescence et visualiser ainsi des protéines au sein même de la cellule.