NELLY... Le monde a basculé....
Le monde a basculé un samedi soir : le 17 mars 2018 exactement. La fatigue, le teint pâle, la perte de poids, nous mettons ça sur le dos de notre auto-construction. Des mois, des week-ends, des heures consacrées à notre maison rêvée. Nous irons quand même en visite aux urgences un mercredi soir après une journée de travail interminable. L’état d’Anto n’a pas l’air inquiétant pour eux, aucuns examens ne seront prescrits malgré notre demande insistante. Les urgences sont saturées, nous comprenons vite que nous ne sommes pas à la bonne place, au bon moment.
Nous partons, on fait confiance, ça va passer. Anto, est passionné par la moto, trois jours après, il ne veut pas annuler son rendez-vous au circuit de Fontenay, il s’y rend de temps en temps avec des copains pour rouler sur la piste.
Cette journée ne se passe pas comme prévu, après quelques tours, sa respiration est difficile et perturbée au point de ne plus pouvoir parler. Il n’arrive pas à profiter comme d’habitude, il est épuisé ! Il m’appelle, je lui demande de me rejoindre devant les urgences d’un autre hôpital. Nous sommes bien accueillis et enfin écouté. Le résultat de la prise de sang tombe, les regards changent ! On nous demande de partir au CHU DE NANTES au service hématologie, là-bas, une équipe spécialisée nous attend. On est loin d’imaginer que l’hôpital deviendra notre maison. On prend notre temps, on s’arrête manger un bout sur la route, on a une soirée après, on espère ne pas trop avoir de retard. On parle de tout, sauf de ce qui pouvait bien nous attendre. Nous arrivons ! De grands couloirs, des portes qui claquent, le bruit des chariots, des sonnettes, beaucoup de blouses blanches, des pleurs, l’ambiance est très particulière ici. Un myélogramme, une ponction lombaire, une perfusion, le long combat était déjà lancé sans que l’on ne le sache. Anto ne se sent pas malade, on rigole encore dans la chambre d’attente, on se demande qu’est-ce qu’on fait là. Et, on frappe à la porte, on sursaute, mon cœur commence à battre très fort. C’est le docteur du service, il s’assoit avec nous mais cette fois-ci on comprend vite que c’est très sérieux, son regard ne blague pas. Il prend le temps et nous expliquer la gravité et l’urgence de la situation. La leucémie aiguë lymphoblastique, un cancer du sang ! Les mots de l’enfer résonneront à tout jamais dans ma tête, à ce moment, j’ai très peur. Anto lui va bien, il est rassuré de savoir ce qu’il a. On se lâche pas du regard, on décide de ne pas en perdre une miette et devenons très vite le binôme acteurs du chemin vers la guérison. Signatures, protocoles de soins stricts, interprétation des résultats d’analyses, termes médicaux biscornus et le cathéter, la chimiothérapie, la radiothérapie et patati, c’est parti ! Les médecins nous annoncent que le protocole va être très long mais que les chances de s’en sortir sont bien meilleures qu’avant, que l’âge est également un bon facteur.
Nous passons des coups de fils à la famille, nous ne rentrerons pas à la maison tout de suite.
Je suis auxiliaire de puériculture dans une crèche, comment voulez-vous que je me consacre au bien-être des enfants alors que le mien est complètement au fond du trou. C’est décidé, j’arrête de travailler, je me consacre à 100% pour mon chéri. Le moral c’est 50% de la guérison, je donne tout. 1 mois de chimio d’induction, 5 mois de chimio de consolidation, 2 semaines de préparation à la greffe, 1 mois et demi d’hospitalisation pour la greffe de moelle osseuse et une année intensive de suivi post-greffe. Nous ne remercions jamais assez ce jeune polonais de 23 ans qui permet à Anto d’être encore là aujourd’hui.
Depuis, nous habitons dans notre maison et nous avons eu un merveilleux petit garçon, nous profitons pleinement de chaque moment positif et continuons d’avoir plein de projets en tête.
Dans quelques jours, nous fêterons les 5 ans de rémission complète, donc la guérison d’Anto.
Merci infiniment à tous ceux qui nous ont aidés de près ou de loin.
N’oubliez pas, la vie est belle !